Streets Of LaredoC’est ici l’une des multiples versions reflétant les étapes de la longue histoire de cette chanson traditionnelle que chante Johnny Cash. Si elle met toujours en scène une homme vivant ses derniers instants, les variantes évoquent tantôt un mauvais garçon traînant sa misère dans les « bas quartiers » et mourant de maladie vénérienne, tantôt un jeune cowboy condamné à mort après quelque larcin, tantôt un joueur, que les cartes on finit par trahir, et qui termine son errance blessé à mort dans un duel… Cette chanson partage des origines communes avec "St James Infirmary Blues", dont la mélodie est cependant totalement différente. La présente version de Johnny Cash (qui en a chanté plusieurs) en fait, en quelque sorte, la synthèse, et dans sa sobriété, servie par sa voix gutturale, évoque en conclusion, d’un simple petit adverbe (« surely ») l’un des thèmes récurrents de son répertoire : le cynisme et la cruauté de la peine de mort. II a en effet chanté « 25 Minutes To Go », « The Mercy Seat », « The Green Green Grass of Home », se mettant dans la peau du condamné et décrivant de façon poignante, voire terrifiante, ses derniers instants. Il est étonnant que, dans des pays comme les Etats-Unis, où ces chansons font partie du patrimoine culturel, il reste encore autant de partisans de la peine de mort. Dans cette société où le taux de prisonniers et le nombre de meurtres par arme à feu sont parmi les plus élevés au monde, l’inefficacité de la peine de mort semble pourtant démontrée. Mais ce pays où la religion (chrétienne) tient encore une place centrale au point que le président prête serment sur la Bible et où les références à Dieu et à la foi émaillent tous les discours politiques, une telle contradiction flagrante avec la lecture la plus neutre des Evangiles est bien surprenante. Si la vie humaine est sacrée, nul ne devrait pouvoir, quelle qu’en soit la raison, s’arroger le droit de la détruire, et le fait même qu’une société s’interdise de donner la mort fait plus pour défendre la vie en la « sacralisant » que toutes les potences, gibets, guillotines, chaises électriques, et chambres à gaz. Evidemment, les solutions « radicales » paraissent toujours plus faciles, d’autant qu’elles satisfont la fascination morbide des foules. A ce propos, la Corrida a été récemment inscrite au « patrimoine culturel » de la France, et son autorisation dans les villes pouvant faire valoir une tradition tauromachique a été déclarée non contraire à la Constitution ! Mettre en spectacle la souffrance et la mort est, paraît-il, une tradition ! Mais pourquoi s’arrêter là et ne pas remonter un peu plus loin. Il y a encore en France, notamment dans certaines villes du Sud, de belles arènes romaines qui ont vu jadis des spectacle de gladiateurs et de mise à mort de condamnés (chrétiens, par exemple). Exagère-je ? Pas tant que cela, à en juger par le discours de certains tribuns (ou "tribunes" ?). Les Rues de Laredo Parcourant un jour les rues de Laredo J’ai vu sous un drap au pied d’un arbre Un tout jeune cowboy allongé sur le dos Tout drapé de blanc et froid comme le marbre Qu’à mon dernier jour Jouent fifre et tambour La marche des morts Quand vous porterez mon corps Jusqu’à la verte vallée Où vous m’enterrerez Je suis un jeune cowboy qui reconnaît ses torts Envoyez ma dernière Lettre à ma pauvre vieille mère Et faites de même pour ma petite sœur si chère Mais, s’il vous plait, ne dites rien de mon heure dernière Si l’on vous demande l’histoire de ma misère Une autre à mon cœur Est plus chère qu’une sœur Elle pleurera quand elle me saura parti Si jamais un autre homme trouvait le chemin de son cœur Ne dites pas mon nom mais il sera transmis Qu’à mon dernier jour Jouent fifre et tambour La marche des morts Quand vous porterez mon corps Jusqu’à la verte vallée Où vous m’enterrerez Je suis un jeune cowboy qui reconnaît ses torts Que six beaux cowboys veuillent Bien porter mon cercueil Que six belles demoiselles me chantent une chanson Par des brassées de roses, protégez mon cercueil Des mottes de terre qui le couvriront En son dernier jour Avec fifre et tambour Nous retenions nos pleurs En portant sons corps Dans la verte vallée Nous l’avons enterré Juste un jeune cowboy qui certes avait ses torts (Traduction - Adaptation : Polyphrène) |